Témoignage de l'admin

Je l'ai subi par le passé. Les bousculades et les réflexions existaient dès la primaire mais le harcèlement a véritablement commencé au collège.
Au départ, la violence verbale et physique subie me semblait supportable parce que je n'étais pas tout à fait isolé, j'avais quand même quelques amis.
Le problème, c'est que je n'ai tout simplement pas pu travailler convenablement dans de telles conditions et je me suis donc retrouvé en échec scolaire. Je me suis retrouvé à devoir redoubler mais je refusais de suivre les mêmes cours.

Du coup, j'ai pris la décision de changer de collège mais ce fut, avec le recul, une assez grave erreur, puisqu'en fait, étant donné que j'atterrissais en quatrième, les groupes étaient déjà formés. Alors, bien sûr, j'ai pu me faire quelques connaissances au fur et à mesure, mais je n'étais plus dans le groupe si soudé que je connaissais à l'époque où j'étais au collège. Le seul côté où l'on pourrait dire que j'avais peut-être de la chance c'est qu'à cette "époque", le développement des réseaux sociaux que l'on connaît aujourd'hui n'avait pas encore réellement commencé.

Forcément, ça a eu de terribles conséquences sur mon parcours scolaire mais aussi sur l'estime de moi-même, sur ma capacité à me projeter dans l'avenir, sur mon moral, surtout que le climat à la maison était peu ou prou assez similaire. Avec tout ça il était difficile de ne pas être dans une profonde déprime. Je peux dire que ça m'a marqué puisqu''aujourd'hui d'un côté je souhaite connaître de nouvelles personnes mais d'un autre côté je m'isole un peu pour être tranquille, je me retrouve, adulte, dans une position paradoxale : l'envie de découvrir de nouvelles personnes mais avec la crainte d'être encore malmené ; je pense que je peux dire que ce que j'ai vécu a façonné ma personnalité et fait aujourd'hui de moi l'introverti que je peux être.
Il faut dire qu'au lycée, la situation ne s'est pas réellement arrangé, le harcèlement subi a continué sur une autre forme, et ce que j'avais subi pendant le collège a, je pense, créé un décalage en maturité chez moi, m'empêchant de m'épanouir dans des amitiés saines.

J'en suis venu à échouer au bac, et à quitter les études prématurément, étant donné que tout mon parcours scolaire se résumait à du harcèlement subi. J'avais en plus dix-neuf ans à ce moment-là puisque j'avais eu le malheur de redoubler deux fois de suite. Après ça, j'ai pas forcément cherché à reprendre une vie professionnelle, jusqu'à mes 26 ans où j'ai voulu rattraper mon retard et où j'ai pu valider mon DAEU, car il m'aura fallu six ans pour accepter de rejoindre à nouveau un groupe social type "scolaire". Mais, entre mes 20 ans et mes 26 ans (donc entre 2012 et 2018) j'ai quand même entamé différentes formations professionnelles et expérimenté certains métiers sous la forme de stages.

C'est vrai que tout ça ne m'a pas mené à grand-chose, sauf peut-être à comprendre qu'il y avait des métiers que je pensais exercer un jour et qui finalement ne me plaisaient pas tant que ça.
Le harcèlement a eu donc pour conséquence de saboter l'estime de moi-même, de créer un décalage de maturité dans les relations aux autres (qui s'est estompée lorsque je m'en suis rendu compte, même s'il était trop tard), de me faire échouer dans mon parcours scolaire ainsi que dans ma vie professionnelle qui n'aura jamais réelleement pu commencer (alors que j'ai désormais 30 ans), de me faire profondément déprimer (ça va bien mieux depuis), de m'isoler, et de créer l'adulte, peut-être l'adulescent introverti que je suis aujourd'hui.

Vous pouvez me poser des questions si vous le souhaitez, j'essaierai d'y répondre. Merci